Ça fait maintenant 6 mois jour pour jour que j’ai quitté ma petite vie confortable à Bruxelles. Moi-même j’ai parfois du mal a croire tout ce que j’ai vécu durant ces six mois les plus intenses de ma vie. Des souvenirs lointains du début du voyage me reviennent. L’époque où je cherchait encore comment organiser mes sacs pour être plus efficace. L’époque où je ne savais pas encore exactement dans quoi je m’embarquait. « Est-ce que je vais arriver à fonctionner s’il fait -15°C? », «Est-ce que beaucoup de gens vont m’accueillir pour passer la nuit chez eux? », « Est-ce que mon vélo va tenir la route? », et tant d’autres questions qui me traversaient l’esprit.
Les réponses à ces questions me paraissent évidentes maintenant. -15°C c’est froid, mais pas insurmontable quand on reste actif; les gens sont venus vers moi quand j’en avait le plus besoin; et même si j’ai eu quelques soucis techniques, les magasins de sports sont bien fournis même au milieu de la montagne.
Aujourd’hui marque aussi le premier jour officiel où le soleil ne disparaît plus sous l’horizon (même si ça fait 3 semaines qu’il fait clair tout le temps). Les arbres commencent de nouveau a avoir des feuilles et j’aimerais pouvoir dire qu’il ne neige plus, mais hier encore il grêlait…
J’ai passé le mois passé à repeindre le village de Nusfjord. Ça fait du bien de se sentir productif, de rencontrer des gens et de se faire un peu d’argent pour pouvoir vivre les prochains mois sans stress. Nusfjord était à la base un village dédié à la pêche. Plusieurs centaines de pêcheurs venaient ici chaque hiver pour pếcher du cabillaud. En été quelques touristes locaux venaient profiter de ce coin reculé pour se détendre. La route qui mène ici a été construite en 1967. Avant ça le village n’était accessible que par bateau. Depuis la fin des années 60 il n’y a plus assez de poisson dans les eaux de Nusfjord et le village c’est doucement transformé en complexe de gîtes.
Durant ce mois je suis fière d’avoir rafraîchit une bonne partie de ce village avec mon pinceau; la différence entre avant mon arrivée et mon départ est bien visible. Les collègues me demandent tous de rester encore un peu, mais j’ai vraiment envie d’arriver au cap nord pour le solstice. Peut-être que je reviendrai l’année prochaine? Qui sait.
Dans quelques jours je me remets en selle et quitte ce petit coin de paradis pour continuer à pédaler vers le nord. Même si je me plaît bien ici, que tout le monde est sympa et que je me fait de l’argent, je sens que j’ai une quête à terminer. Ça va me faire du bien de repasser quelques semaines dehors tout seul pour aller jusqu’au bout de ce rêve. J’espère que je vais avoir droit ä quelques jours de beau temps et j’attends avec impatience le jour où je vais pouvoir pédaler en t-shirt au soleil. Dans tous les cas ça peut pas être pire qu’il y a 3-4 mois :o)
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